Interview Envie Lorraine

Rencontre avec Julie Leclère,
Responsable développement d’Envie Lorraine

Pour parler réemploi des Articles de Bricolage et de Jardin thermiques (ABJ th), nous sommes partis à la rencontre d’Envie Lorraine, à Nancy dans la Meurthe-et-Moselle (54).

Julie, peux-tu d’abord nous dire un petit mot sur Envie Lorraine ?


"Envie, c’est un réseau majeur de l’ESS, constitué de 53 entreprises d’insertion dont la nôtre à Nancy, Envie Lorraine. 130 salariés collaborent au sein de notre entreprise : les trois quarts d’entre eux sont dans un parcours d’insertion.

Ce qui nous caractérise, c’est la volonté de contribuer à l’allongement de la durée de vie du produit, en particulier le reconditionnement, notre spécialité. Le reconditionnement, c’est un terme technique et commercial : cela concerne un appareil vendu avec une garantie de 2 ans.  Ce n’est pas simplement un achat d’occasion, mais bien un produit qui se rapproche le plus possible du neuf : nettoyage, remplacement de pièces d’usure, réparation, opérations pour retrouver les fonctions du produit, comme affûter la lame d’une tondeuse.

Notre action s’est historiquement portée sur les Équipements Électriques et Électroniques (EEE). En 2022, lors de la mise en place des nouvelles filières REP Articles de Sport et de Loisirs (ASL) et Articles de Bricolage et de Jardin thermiques (ABJ Th), nous avons été attentifs aux consultations logistiques d’Ecologic."

Envie Lorraine a donc fait le pari du réemploi et du reconditionnement des Articles de Bricolage et Jardin thermiques (ABJ th). Comment cela s’est-il décidé ?

"Au fil de notre activité, nous nous sommes élargis à de nouveaux types d’équipements compatibles avec les enjeux d’économie circulaire et notre ADN d’insertion. Nous avons notamment œuvré sur le traitement de matelas, de matériel médical ou encore des épareuses (engins d’entretien de bord des routes).

Nous avons très vite analysé que les ABJ th nécessitent, pour leur remise en service, un modèle et un process proche des EEE : diagnostiquer, réparer, nettoyer, remettre en vente. Nous nous sommes donc lancés dans une expérimentation de reconditionnement de ces appareils-là, en devenant l’un des sites pilotes, en lien avec Ecologic.

Aujourd’hui, ce sont entre 1 et 2 salariés en insertion, qui ont contribué à remettre en vente de nombreux équipements : 150 équipements ont été vendus en 2024."


Tu parles d’expérimentation. Qu’est-ce que cela signifie pour Envie Lorraine ?

"Quand on lance une activité de reconditionnement, en particulier sur une nouvelle filière, l’équilibre économique n’est pas immédiat : les investissements réalisés, la formation des salariés et la nécessité d’avoir des process sécurisants pour l’équipe et le client constituent une forme de mise de départ.

Ecologic nous a aidés financièrement, et nous avons également autofinancé cette nouvelle activité. Notre étiquette d'Économie Sociale et Solidaire nous permet, et même nous oblige, à nous montrer innovateurs. Et surtout à ne pas lâcher quand on atteint la rentabilité, c’est pourquoi nous avons un besoin constant de nouveaux gisements et d’un dialogue efficace avec les metteurs sur le marché pour améliorer toujours le potentiel de réemploi et de reconditionnement des équipements. Sur ces deux points, nous collaborons avec Ecologic."


Pour un acteur de l’ESS comme Envie Lorraine, quels sont les enjeux spécifiques au réemploi et au reconditionnement de ces Articles de Bricolage et Jardin thermiques (ABJth) ?

"Comme dans toute activité de reconditionnement : c’est d’abord l’accès au gisement. La filière REP permet la massification, mais nous avons encore de belles marges de progrès ! Les flux issus des déchetteries sont encore difficiles à travailler et les gisements sont encore trop peu accessibles, en grande partie car les détenteurs n’ont pas encore le réflexe du réemploi : transmission inter-personnelle, faible conscience du potentiel de réparabilité, etc.

Le deuxième enjeu, c’est la formation du salarié : nous avons pu nous appuyer sur des formations à l’AFPA et un artisan local qui a accepté de partager son savoir. D’autres acteurs peuvent également travailler avec les distributeurs directement, c’est un vrai plus pour nous, acteurs de l’ESS.

Le troisième enjeu, c’est l’accès à la pièce détachée. De notre côté, nous arrivons à récupérer un maximum de pièces détachées de modèles démontés.

Enfin, c’est bien sûr un enjeu de modèle économique : cela va de la quantité et de la qualité de gisement à notre capacité à capter, voire stimuler, la demande. Il faut noter que nous observons sur cette activité une certaine saisonnalité : l’hiver est plus calme, puisque nous sommes moins positionnés sur la réparation. Mais c’est un complément d’activité tout à fait pertinent avec les autres équipements, et cela permet de mutualiser des savoirs. Pour une recyclerie motivée, il y a vraiment de quoi s’investir sur le réemploi des ABJ Th."

Vous avez la possibilité de commercialiser directement ces équipements reconditionnés dans votre espace de vente. Que pouvez-vous nous dire des acheteurs ?

"Nous nous adressons uniquement aux particuliers via nos surfaces commerciales où nous vendons nos produits. 

Une majorité de nos clients viennent d’abord pour le prix, et c’est bien notre raison d’être : proposer des produits de première nécessité à des gens qui n’ont pas accès au neuf. Mais on observe également que des clients identifient mieux notre valeur ajoutée, saluent le travail d’insertion de l'association et sont sensibles à la seconde main. C’est une très bonne nouvelle car cela donne du sens à l’acte d’achat et cela nous ouvre un nouveau marché !"

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 Rédaction Ecologic

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